Emilie Tavel-Besson a remporté le prix Entrepreneuses d'ici et de demain le 8 mars 2022, organisé par le centre commercial Grand'Place et l'association Action'Elles.
Emilie Tavel-Besson remporte ainsi une dotation de 3 000 € remise par le centre commercial Grand’Place et un accompagnement personnalisé durant un an afin de faire grandir son projet. Elle accédera à l’encadrement et à l’offre réservée aux adhérentes de l’association Action’Elles, experte dans l’accompagnement des entrepreneures.
Afin de faire plus ample connaissance avec notre lauréate et de suivre son évolution depuis son élection de meilleur projet, nous l’avons contacté pour réaliser une entrevue.
Emilie Tavel-Besson, vous êtes soudeuse qualifiée, et métallière d'arts en devenir, habitant à Corenc, pourriez-vous vous présenter ?
Bonjour, j’ai 39 ans et je viens d’établir une reconversion professionnelle, passant ainsi de la communication à la soudure. Je ne peux pas prétendre être métallière d’arts à ce jour, mais j’aspire à l’être d’ici quelques années. J’ai travaillé pendant 16 ans dans le marketing et la communication en entreprise, et lors des confinements, j’ai fait réémerger la créativité qui me manquait tellement. C’est là que je me suis dit qu’il fallait que je réintègre cette créativité manuelle au cœur de mon activité. Je viens donc de finir de me former en soudure, et vais créer mon entreprise ce printemps 2022.
Parlez-nous un peu de vos œuvres de soudure et métallerie d’art.
Il y en a peu encore à ce jour, car je suis en recherche de local pour y établir mon atelier. En revanche, j’ai conçu des pièces farfelues lors de mon stage auprès des ateliers de décors de la ville de Grenoble avec le métallier Benoit Moderat d’Otemar, et je compte rester dans cette lignée pour mon entreprise. Je créerai ainsi des objets en acier et inox à la fois utiles au quotidien (étagères, mobiliers, miroirs, lustres, lettrages, verrières, etc.), et d’autres plus abstraits (fresques, objets de décoration pour l’intérieur et l’extérieur comme le jardin par exemple, etc.). Les millions d’idées sont bien là ! Il y a tant de choses à faire avec l’acier. Je ferai aussi de la rénovation d’objets en acier, et des soudures sur des objets détériorés par le temps (portails, portillons, gouttières, machines d’agriculture, etc.).
D’où vous est venue l’idée du projet ?
L’idée du projet est née de la rencontre avec plusieurs artisans allant de la vallée du Grésivaudan, aux alentours de Grenoble, et même plus largement en France via les réseaux sociaux. Décisive néanmoins ça été la rencontre avec un voisin métallier chez qui notamment, j’ai pu tester la soudure. En une matinée, j’ai découvert un univers, une atmosphère, une passion. Moi qui n’avais jamais utilisé une disqueuse ou un poste à souder, j’ai été en très peu de temps convaincue que cela serait possible. Et puis se sont enchaînées des rencontres avec plein d’autres passionnés, toutes et tous férus de métal. Ce qui m’a interpellée, c’est à la fois la force et la douceur du travail avec l’acier. En cela, j’ai trouvé énormément de poésie ; un travail fascinant qui se gère aussi bien au masculin qu’au féminin.
Pourquoi avoir candidaté à l’opération Entrepreneuse d’Ici et de Demain ?
Il y a eu une pub Facebook qui passait par là, mentionnant l’appel à projets local. Curieuse d’en savoir plus, j’ai vu que les candidatures fermaient deux jours plus tard, soit le dimanche soir. Alors je me suis dit que cela tombait à pic, et j’ai pour ainsi dire tenté ma chance d’affilée. Le comble était que la plateforme d’inscription ne fonctionnait pas ce week-end-là, j’ai alors cherché un contact à qui envoyer tout mon dossier par e-mail. Puis, il n’y avait plus qu’à croiser les doigts.
Cet appel à projets était pour moi comme synonyme d’un nouveau lancement et j’ai cru en la chance que cela représentait. J’ai besoin d’un réseau fort et de me sentir soutenue dans cette nouvelle étape.
Dans votre projet, qu’est-ce qui a pu avoir un impact lors des votes ?
Les deux autres candidates avaient des projets superbes, et je les en félicite de tout cœur. J’espère que nous aurons l’occasion de nous rencontrer. Nous étions toutes selon moi porteuses de valeurs communes pour un monde plus juste, plus durable, sans gaspillage inutile, replaçant le savoir-faire manuel et local au cœur de l’économie.
Mon réseau personnel, et professionnel a été d’un fort appui lors de la session de votes. Je me suis rendu compte que toutes les personnes contactées ont répondu présent, et cela m’a fait chaud au cœur.
Ce qui m’a différencié, je pense, c’est cet univers métallique dans lequel on n’attend pas une femme. Et puis pour nombre d’entre eux, c’est cette reconversion à 180° qui a probablement surpris, questionné, ou qui a été enviée. Certains me souhaitent beaucoup de courage et d’autres me disent qu’ils aimeraient faire comme moi. Alors je leur réponds : n’attendez pas d’être tristes dans votre travail ou de ne plus avoir de force pour changer. Si vous avez envie de faire comme moi, allez-y, car la vie est bien trop courte pour ne pas écouter nos envies, vos « voix/voies » intérieures. Soyez les déclencheurs de votre avenir.
J’ai également été contactée après l’annonce des résultats le 8 mars par des femmes qui ont exercé dans la soudure et la métallerie et « ont voté pour l’audace » m’ont-elles dit. Oser,
Je regrette une chose : ne pas m’être rendue à Grand’Place pour aller rencontrer de plus près des personnes qui ont voté pour mon projet et recueillir leurs impressions sur le vif. Je pense que cela a été sympa d’avoir cet échange de visu.
Vos prochains défis ?
Le plus gros défi : le lancement, je dirai. Mais tout aussi important pour moi est la recherche d’un local pour y établir mon futur atelier de création. J’espère le trouver très prochainement. Je suis encline à toutes propositions de partage d’atelier (colocation) car je compte pouvoir œuvrer avec d’autres artistes, entrepreneurs et entrepreneuses, travaillant d’autres matériaux tels que tissus, bois, ou céramique. Là où cela va devenir intéressant et puissant, c’est lorsque la création va se mettre en route, à deux ou plusieurs mains. Je suis confiante que cela va générer de très beaux projets qui feront sens. Si vous entendez parler de locaux d’activités, ou souhaitez dynamiser votre territoire en accueillant des artisans, contactez-moi. À suivre…
Que pouvons-nous vous souhaiter ?
Le meilleur, je crois, et que ça dure ! « Oser, c’est doser », alors à moi de trouver les bonnes mesures pour une belle réussite en douceur.